Summarize this content to 2000 words in 6 paragraphs in english Le 9 juin, au soir d’une campagne européenne chaotique et perdante, Emmanuel Macron a pris une décision qu’il pensait, comme souvent, « disruptive ». Provoquant surprise et sidération, le président de la République a précipité le pays dans la crise. A quoi pensait-il ? A sa stratégie politique ou à son opération de communication ? Lire aussi | Article réservé à nos abonnés Raphaël LLorca, essayiste : « Tout se passe comme si la dissolution avait psychiquement autorisé la liquidation de toutes les limites politiques » Ajouter à vos sélections En communication politique, la première des unités de mesure est celle du temps. Et cet outil qu’est le temps se trouve d’abord entre les mains du chef de l’Etat : à travers ses interventions et ses décisions en fonction desquelles les autres blocs se positionnent, celui-ci pose le rythme de son « écriture médiatique » et guide le tempo politique du pays. Ou plutôt guidait. En quelques jours, la sidération a changé de camp : Emmanuel Macron ne s’attendait pas à ce que la gauche se soude et, à ce qu’avec Eric Ciotti, la droite se dessoude. D’outil, le temps s’est mué en contrainte. Dans les premiers pas vers une défaite législative annoncée, le maître des horloges n’a pas repris la main, il est devenu le spectateur du sablier. Jusqu’à quand ? Jusqu’à la fin des Jeux olympiques ? Jusqu’à la prochaine dissolution ? Jusqu’à 2027 ? Hyperprésidence et feinte de la parole rare Dans ce contexte, la communication politique doit prendre en compte deux sérieuses limites. Elle ne peut, d’abord, être seulement conçue comme une stratégie d’opinion segmentée en parts de marché. L’opinion n’égale pas le peuple et l’on ne s’adresse pas de la même manière à un citoyen et à un consommateur. Lire aussi | Article réservé à nos abonnés Auprès d’Emmanuel Macron, les apprentis sorciers de la dissolution Ajouter à vos sélections Cette crise est le symptôme d’un phénomène politique plus global : celui d’une inversion des rapports de force en matière de communication. En ce domaine, en effet, chacun son style : rareté de la parole performative de François Mitterrand puis de Jacques Chirac, hyperprésidence de Nicolas Sarkozy, oxymore de la « présidence normale » de François Hollande… Emmanuel Macron, président du « ni-ni », a, comme à son habitude, refusé de choisir et cherche à conjuguer les contraires : hyperprésidence et feinte de la parole rare, mise en scène de l’écoute et volonté d’un discours performatif. Celui-ci écrase la « rareté » de Jacques Pilhan [1944-1998, conseiller en communication de François Mitterrand et de Jacques Chirac] et transforme le coup d’éclat permanent en bruit médiatique épuisant. Lettres aux Français, déclarations télévisées, interviews dans les JT : à force de solliciter en permanence les moyens de communication exceptionnels de la République, le président les a affaiblis. Il vous reste 47.8% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

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