Summarize this content to 2000 words in 6 paragraphs in english Quelque inédites que soient les circonstances politiques, il est des lignes constitutionnelles qu’un président de la Ve République ne doit pas franchir. Rompant avec la volonté gaullienne de soustraire les institutions au joug des partis et aux incertitudes de leurs accords, Emmanuel Macron confie aux députés divisés, depuis trois semaines déjà, la responsabilité d’apporter de l’ordre dans notre vie politique – avec l’espoir manifeste de mettre en lumière leur incurie et de tirer son épingle du jeu. Aussi longtemps qu’ils n’y arriveront pas, il entend maintenir en place le gouvernement dont il a pourtant accepté la démission, à l’égard duquel les électeurs ont exprimé leur défiance, afin qu’il expédie les affaires courantes. Pour justifier ce choix, on évoque, du côté de l’Elysée, les apparents non-dits du texte constitutionnel : faute que soient précisés les délais dans lesquels un gouvernement doit être nommé, le président se trouverait implicitement habilité à prendre tout son temps lorsque cela l’arrangerait ou quand la situation politique l’imposerait. Une telle interprétation doit être écartée, car elle repose sur deux lourdes erreurs – également pernicieuses. La première consiste à imaginer qu’un résultat électoral seul suffirait à transfigurer la Constitution et le régime politique : le choix du premier ministre ne relèverait du président que lorsqu’il existe une majorité absolue à l’Assemblée nationale, qu’elle lui soit amicale ou hostile ; il appartiendrait aux seuls parlementaires, s’ils arrivent à se mettre d’accord, lorsque les forces politiques y sont plus morcelées. La fragmentation de l’Assemblée ne change pas les règles C’est l’effet malvenu d’un amalgame hâtif avec des régimes de pays qui nous sont géographiquement proches. On entend déjà se réjouir ceux qui appellent de leurs vœux le rééquilibrage de nos institutions au profit du Parlement et les comparaisons fleurissent avec la Belgique, l’Allemagne ou l’Italie. Les usages parlementaires, pourtant, n’y sont pas les mêmes. Certains imaginent, chez nous, une plate-forme de gouvernement ou des coalitions éphémères. La réticence des députés à s’y convertir depuis 2022, alors même que l’Assemblée était dénuée, déjà, de majorité absolue, invite à beaucoup de prudence en la matière. Nos institutions plus encore. L’histoire constitutionnelle française se distingue en effet radicalement de celle de nos voisins. D’emblée conçue pour faire face à une absence de majorité parlementaire stable, la Constitution de 1958 a organisé la formation des gouvernements de façon simple. Parce qu’on a souhaité supprimer le débat d’investiture caractéristique de la précédente République, la responsabilité de nommer le premier ministre revient au seul président : son choix ne fait l’objet, de la part des députés, que d’un contrôle a posteriori. Libre à lui, ensuite, de confier au premier ministre le soin de bâtir une équipe gouvernementale propre à lui assurer un soutien parlementaire suffisant. Il vous reste 48.05% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

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