Summarize this content to 2000 words in 6 paragraphs in english Professeur à l’Institut d’études politiques de Rennes, Christian Le Bart est l’un des spécialistes de la gouvernance locale. A la croisée de ses travaux sur l’individualisation ou le discours et la communication en politique, son essai, La Politique à l’envers (CNRS, 280 pages, 23 euros), analyse les mutations du champ politique face à une défiance croissante. La critique des politiques s’est fortement accentuée ces dernières années. Quel événement caractérise cette radicalisation du discours ? Il n’y a pas de démocratie sans liberté pour les citoyens de critiquer les gouvernants, mais nous sommes aujourd’hui en présence de mécanismes assez profonds, voire très structurants de la contestation des professionnels de la politique. Le mouvement des « gilets jaunes » en est sans doute le symbole avec des critiques et des mises en cause très radicales à l’encontre de tout ce qui porte une écharpe tricolore. Ce moment a montré de façon assez éclatante un haut degré d’exaspération à l’égard de la vie de la classe politique dans son ensemble. Même s’il faut apporter des nuances, on peut considérer que ce mouvement s’est largement défini par la remise en cause des figures institutionnelles (politique, journaliste, scientifique). La raison de ce ressentiment tient-elle dans la perte de confiance des citoyens dans la capacité des dirigeants politiques à améliorer leur vie quotidienne ? L’une des caractéristiques du champ politique français est qu’il a longtemps fonctionné autour de la croyance que l’alternance pouvait apporter une amélioration des modes et des conditions de vie, longtemps rendue possible par la croissance économique. Jusqu’à 1981, nous étions dans un système d’absence assez atypique d’alternance, puis tout s’est accéléré de manière frénétique avec des effets de brouillage du clivage droite-gauche dont le macronisme est un peu l’héritier. Nous sommes passés d’un clivage droite-gauche à un clivage « nous-eux » : soit la société civile versus les professionnels de la politique. Ce basculement a ouvert la voie à des transformations fondamentales plus ou moins populistes. Un populisme nourri en partie par les responsables politiques qui ont fait leur la critique du système… Je me suis amusé à relever la manière dont des énarques critiquent l’ENA, dont ceux qui cumulent les mandats dénoncent le cumul ou la façon dont des apparatchiks font l’apologie de l’entrepreneuriat et de l’entreprise privée. Il s’agit souvent de sauver sa peau dans un contexte de critique exacerbé de la classe politique. Mais ces stratégies de façade, qui flirtent avec l’air du temps, ne sont pas à la hauteur des enjeux. Il vous reste 49.65% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

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