Summarize this content to 2000 words in 6 paragraphs in english A la lecture de ce qui restera comme le premier texte de Jordan Bardella, Ce que je cherche (Fayard, 324 p., 22,90 €), il serait vain de s’arrêter à la critique de sa vacuité : l’exercice est tellement attendu que l’auteur lui-même l’avait anticipé. « J’entends déjà mes détracteurs, écrit-il. Ils jugeront ce livre “médiocre”, “indigent” et “sans intérêt”. » Sans intérêt, certainement pas : au contraire, son livre nous éclaire sur son rapport à la politique, selon une modalité très particulière, sur laquelle il faut revenir pour comprendre les racines de ce que d’aucuns appellent la « Bardellamania » : l’insignifiance. Lire aussi | Article réservé à nos abonnés Le livre de Jordan Bardella, un objet marketing propulsé par Vincent Bolloré Lire plus tard « J’ai voulu raconter aux Français l’envers du décor de la vie politique », explique M. Bardella sur les plateaux de télévision pour justifier son projet éditorial. Derrière le rideau, on ne trouve pourtant trace de rien de ce qui importe vraiment en politique : aucune vision, aucun système de valeurs, aucun combat qui lui tienne à cœur, aucune proposition. En revanche, on apprend tout de ses délicieuses « montées d’adrénaline », de ses folles « nuits blanches » passées au siège du parti les soirs d’élection, de ses prises de parole dans des « salles prestigieuses », de ses stimulantes « courses contre la montre ». Et de s’extasier : « Décidément, ma vie n’est pas ordinaire. » La politique, quel kif !, semble-t-il être à deux doigts de s’exclamer. En 2019, apprenant qu’il sera la tête de liste du Rassemblement national (RN) aux élections européennes, on le prévient : « Ta vie va changer. » Quelle est alors sa première pensée ? Songe-t-il avec gravité à ses futures responsabilités ? Pense-t-il avec empathie à ses futurs électeurs ? Non : ce qui fait frétiller Jordan Bardella, c’est l’idée que son visage se retrouve bientôt sur « des milliers d’affiches collées et des tracts distribués dans tout le pays ». Deux mots disent tout de la façon dont Bardella réduit la politique à son propre ressenti émotionnel : « vertige » et « vertigineux », répétés à pas moins de dix reprises. Indifférence aux choses de la politique En rupture avec la tradition de sa famille politique, le président du RN ne parle ni de la France ni des Français : dans son texte, il ne parle que de lui-même. Si la politique est réduite à n’exercer qu’une fonction insignifiante, c’est que, à le lire, elle ne sert ni à enrayer le prétendu déclin français ni à se faire le porte-voix de la « France des oubliés » : elle n’est qu’une voie d’épanouissement personnel comme les autres – au même titre que le yoga, le jardinage ou la couture. Pour Jordan Bardella, la politique ne sert pas à changer la vie, celle des autres ; fondamentalement, elle sert d’abord à changer de vie, la sienne. Il vous reste 56.94% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

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