Summarize this content to 2000 words in 6 paragraphs in english Moins de trois mois après sa nomination, Michel Barnier est engagé dans un périlleux bras de fer avec Marine Le Pen, sans que sa survie à Matignon soit garantie. L’incertitude planait toujours dimanche soir quant à la tournure que prendrait, lundi 2 décembre, le vote, à l’Assemblée nationale, sur le budget de la Sécurité sociale. Le premier ministre engagera-t-il la responsabilité du gouvernement, par l’entremise de l’article 49.3 de la Constitution, en le faisant adopter sans vote, au risque d’être censuré quarante-huit heures plus tard ? ou une voie d’accord sur le texte est-elle encore possible ? Dimanche soir, le Rassemblement national (RN) a semblé fermer la porte à tout compromis, considérant que le gouvernement « a mis fin à la discussion » sur d’éventuelles modifications du budget la Sécurité sociale, a déclaré Marine Le Pen, présidente du groupe RN à l’Assemblée nationale, à l’Agence France-Presse. « Le gouvernement a exprimé son souhait de ne pas modifier le PLFSS [projet de loi sur le financement de la Sécurité sociale], c’est extrêmement clair et nous avons pris acte de cela », a-t-elle précisé, s’appuyant sur des déclarations du ministre des comptes publics, Laurent Saint-Martin, au journal Le Parisien. Dans la foulée, et pour éteindre l’incendie, l’entourage de Michel Barnier fait savoir que ce dernier « reste ouvert au dialogue ». Faut-il y voir un désaveu pour Laurent Saint-Martin ? Le locataire de Bercy a assuré samedi au Parisien que le gouvernement ne fera pas de nouvelles concessions sur le budget de la Sécurité sociale, malgré la menace de censure que fait peser le RN. « Ce texte n’est plus celui du gouvernement mais le fruit d’un compromis parlementaire entre députés et sénateurs via une commission mixte paritaire conclusive, ce qui n’était pas arrivé depuis quinze ans sur un budget. Revenir dessus serait s’asseoir sur le Parlement, la démocratie et la délibération dont nous respectons le compromis », y dit-il. « Dans une interview ce matin, le ministre Laurent Saint-Martin indique que le projet de loi de financement de la Sécurité sociale pour 2025 ne sera plus modifié. Dont acte. Par entêtement et sectarisme, la minorité gouvernementale met donc fin au cycle des négociations, au risque de provoquer sa censure », estime, quant à lui, le président du RN, Jordan Bardella, sur X. Marine Le Pen a regretté que le gouvernement de Michel Barnier ne veuille pas « bouger sur des éléments qui nous paraissent inadmissibles ». Le RN a notamment cité comme « ligne rouge absolue » la désindexation partielle des retraites par rapport à l’inflation, prévue dans le projet de budget. « On ne laissera pas les Français se faire dépouiller pour réparer les erreurs de sept ans de macronisme (…). Il y a des chances qu’on tire les conséquences de ce comportement extrêmement fermé et sectaire », a-t-elle ajouté, selon l’AFP. Lire aussi | Article réservé à nos abonnés Menacé de censure, Michel Barnier cherche le compromis avec Marine Le Pen Lire plus tard Des « gages » donnés au RN Au même moment, la situation se tendait également au Sénat, qui termine l’examen d’un autre volet du budget : la partie recettes du projet de loi de finances. Les élus de gauche ont quitté l’hémicycle, dimanche, durant les débats, en dénonçant un « coup de force » du gouvernement et de la droite, qui ont demandé le réexamen de plusieurs dizaines de mesures, à quelques heures du vote sur l’ensemble du texte. Ils fustigent l’attitude du gouvernement et de la majorité sénatoriale – une alliance droite-centristes – qui ont tous deux demandé la tenue d’une seconde délibération pour ces mesures pourtant votées durant la semaine à main levée, le plus souvent contre l’avis de la commission des finances et de Laurent Saint-Martin. « On vient d’inventer un nouvel outil : le 49.3 sénatorial. On passe des heures, jour et nuit, à voter des mesures, trouver des compromis. Et d’un revers de main, les délibérations sont balayées. C’est un vrai problème démocratique dans une période économique et sociale grave », s’est indigné le socialiste Thierry Cozic (Sarthe), selon l’AFP. Newsletter « Politique » Chaque semaine, « Le Monde » analyse pour vous les enjeux de l’actualité politique S’inscrire « Ce gouvernement est minoritaire. Il a fait le choix de plutôt se tourner sur sa droite et son extrême droite en réfutant tous les arguments de la gauche et il est en train de s’apercevoir que cela ne va rien changer à l’attitude du Rassemblement national », qui le menace de censure, a ajouté le communiste Pascal Savoldelli (Val-de-Marne), l’écologiste Thomas Dossus (Rhône) dénonçant lui un « coup de force supplémentaire ». « Ce n’est en rien un déni de démocratie », a insisté pour sa part Laurent Saint-Martin, « il s’agit de reposer la question de l’équilibre financier », a-t-il ajouté. Selon les estimations du gouvernement, le budget tel qu’il a été modifié par le Sénat, sans rectifications, aurait aggravé le solde budgétaire de 5,8 milliards d’euros, ce qui est jugé incompatible avec l’objectif de 60 milliards d’euros d’économies, fixé par l’exécutif. « On veut une copie qui ne soit pas dégradée à l’issue des débats », a confirmé à l’AFP la cheffe de file des Républicains sur le budget, Christine Lavarde, sénatrice des Hauts-de-Seine. Cette seconde délibération a ainsi permis de rouvrir de nombreux débats sensibles, notamment sur le prix de l’énergie, l’une des lignes rouges du Rassemblement national quant à ses menaces de censure. Le Sénat avait déjà supprimé la possibilité pour le gouvernement d’augmenter la fiscalité sur l’électricité au-delà de son niveau d’avant-crise énergétique, devançant l’annonce de Michel Barnier sur le même sujet. La droite sénatoriale avait toutefois compensé cette mesure par une hausse de la taxe sur le gaz, un dispositif qu’elle a finalement accepté de supprimer dimanche, à la demande du gouvernement. Plusieurs sénateurs de gauche n’ont pu s’empêcher d’y voir des « gages » donnés au RN, alors que Marine Le Pen avait fait part ces dernières heures de son opposition à cette mesure. Lire aussi | Article réservé à nos abonnés Budget 2025 : l’agence de notation S&P encourage Michel Barnier à tenir ses promesses de rigueur Lire plus tard Le Monde avec AFP Réutiliser ce contenu

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